L’exposition s’est déroulée sur l’îlet Pelé pendant deux jours du 24 au 25 février 2007. Etaient présentées des huiles sur toiles de la série « l’eau douce »et des découpages sur photos de la série « reflets ». Elle s’inscrivait dans un évènement rassemblant plusieurs artistes et modes d’expression:

A été exposée une série de photographies intitulée « carnavals »de Jean-Baptiste Barret.

Ont été projetés des diaporamas et des court-métrages  sur « les eaux douces de l’îlet », un voyage à Cuba avec « ses belles américaines » de Sophie Ravion d’Ingianni, une chorégraphie de José Chalon parmi les œuvres de Julie Bessard, plasticienne.

Quelques invités ont laissé leurs impressions:

Dédoublement:

On pourrait dire que la créativité est une mise en forme contrôlée du dédoublement, contrairement à la folie qui en est une forme non contrôlée.

Le dédoublement peut prendre de multiples figures radicales, l'opposition radicale entre le tout et le néant, le passage de l'idéal à sa manifestation matérielle, l'alternance entre le moment de fusion accomplie de ce qui pourrait être qualifié de corporel et de spirituel et le moment de sa décomposition, l'hésitation multiple et instantanée entre le rien et le quelque chose.

Il peut prendre d'infinies figures moins radicales, simples ou composées, mais souvent tremblées. Il refuse la pure rationalité positive, la médaille à une seule face. Si la rationalité a un sens, c'est parce qu'il y a de l'irrationnel.

Le dédoublement, c'est le jeu où la certitude fait face à l'inconnu, c'est de poursuivre avec conviction des réalités qui nous échappent, c'est croire à la fois au dit et au non dit.

Jean-Claude Le Foll, philosophe
     Chers amis, votre thème est passionnant mais très vaste.

      En dehors de la définition que donnent les différents dictionnaires (le dédoublement concerne au sens restreint chimie et psychologie), il y a certes un terrain ésotérique, voire mystique où dédoublements et folklores nous amusent ou donnent matière à un bon film d’horreur. 

    Il est évident que nos préoccupations étant moins scientifiques notre chimie mentale tendrait à séparer jeu d’acteur, représentation sur scène et les multiples aspects du double dans la représentation, voire dans la vie quotidienne. En somme, il y aurait dédoublement en dehors de toute connotation pathologique, à partir du moment où les jeux de scène imposent à la personnalité de l’acteur, le simulacre d’être un autre qui lui-même au risque de se perdre et rester prisonnier de son ou ses personnages. Mais sans nous inquiéter trop du sort des stars, de leurs personnalités forcément complexes, parfois dissociées ou « masquées », le dédoublement plus significatif et physiquement perceptible, c’est l’ombre.

     À partir de l’incidence de l’ombre dans le vaste univers des origines de toute représentation, certains sujets se dessinent et nous pourrions entrevoir une fructueuse série d’articles sur la question en écartant avec prudence d’autres types de doubles ayant trait à imago. J’entends les traces photogéniques que tout en étant des ombres lumineuses comme a pu les qualifier Roland Barthes, ouvre trop facilement sur le spectacle et ne laisse entrevoir du sujet que le rapport au temps de l’empreinte et non pas la pérennité métaphysicienne de l’ombre.

     En tout cas « L’ombre de Polémon », l’origine du dessin et son histoire d’amour donneraient matière à réflexion. Pour ma part le rôle des ombres dans la peinture de Giorgio De Chirico semble digne d’intérêt. Le dédoublement de Denise en Roberte dans l’œuvre de Klossowski est peut-être un lieu qui fait le lien entre dessin, ombre et palimpseste. Mais surtout, il y aurait ces eaux troubles que Marie-Louise Von Franz dégage dans les mythes et les contes : ombre et mal.

     En résumé, ce double si immédiatement signifié par l’ombre est la manifestation d’une absence. Absence de l’autre et de soi-même envers une nécessité d’être deux et de combler la solitude indéfectible d’un identique impossible et d’une identité toujours à refaire.

     Bien sûr, je me mets dans la peau d’un montagnard, homme préhistorique ou Robinson sur son île déserte.

Luis Pannier, peintre et enseignant en art plastique

L’évènement a été retransmis, en partie, sur RFO par la journaliste Dominique Legros et le cameraman Eddy Sainte Rose.

SCI Ilet Pelé